Les anomalies dentaires.
Plan du document:
I. Introduction
II. Anomalies du nombre
1. Hypodontie - anodontie
1. Hypodontie des dents définitives
2. Hypodontie des dents temporaires
3. Hypodontie ou oligodontie syndromique
1. Les fentes labiovélopalatines
2. Dans le syndrome de Down : trisomie 21
3. Le syndrome de Christ Siemens Touraine
4. Le syndrome de Goltz
5. Syndrome de Papillon Leage et Psaume
6. Syndrome de Bloch Schulz Berger
7. Epidermolyse bulleuse dystrophique
2. Les hyperdonties
1. Hyperodontie des dents définitives
2. Hyperodontie des dents temporaires
3. Hyperodontie syndromiques
1. Le syndrome de Pierre Marie et Sainton
2. Le syndrome de Gardner
III. Anomalie de morphologie
1. Anomalie de taille
1. Macrodontie
1. La macrodontie vraie
2. La macrodontie relative
3. La macrodontie localisée
2. Microdontie
1. La microdontie généralisée vraie
2. La microdontie localisée
3. Le nanisme radiculaire
2. Anomalies de forme
1. Anomalies coronaires
1. Au niveau des incisives
2. Canines
3. Prémolaire
4. Molaire
1. Le tubercule de Carabilli
2. Le tubercule de Bolk
2. Anomalies radiculaires
1. Les anomalies de nombre
2. Anomalies de forme
3. Taurodontisme
3. In tion dentaire
4. Concrescence
5. La fusion
6. La germination
IV. Anomalies de structure dentaire
1. Anomalies de l'émail
2. Anomalies de la dentine
1. Dentinogénèse imparfaite héréditaire
3. Anomalies du cément
1. Cémenticules
2. Hypercémentose
4. Anomalies affectant tous les tissus de la dent
1. Anomalies héréditaires
1. Odontodysplasie régionale
2. Anomalies acquises : anomalies d'origine traumatique
1. Traumatismes méca s
1. Les arrêts transitoires ou définitifs de croissance
2. Les attritions ou les abrasions
2. Traumatismes chimiques
1. Les érosions (mylolyses)
2. La mélanodontie infantile
V. Anomalies d'éruption et de chute des dents
1. Éruption prématurée
1. Dents natales et néonatales
2. Éruption retardée
1. Inclusions dentaires
1. Dent incluse
2. Dent enclavée
3. Dent retenue
VI. Anomalies de positions
1. Dystopies primaires
1. L'ectopie
2. L'hétérotope
3. La rotation
4. La migration
5. La transposition
6. L'anastrophie
2. Dystopie secondaires
VII. Anomalies de coloration dentaires
1. Colorations par dépôts de substance colorées dans les tissus dentaires
1. Origine héréditaire ou congénitale
2. Origine acquise
2. Coloration par dépôt
I Introduction
Les anomalies dentaires sont liées au développement des dents. Elles concernent aussi bien la denture temporaire que la denture permanente.
Décrites depuis longtemps, actuellement on tente d'impliquer le mécanisme d'apparition par la théorie des neurocristopathies ou par un support génétique.
II Anomalies du nombre
Le nombre des dents peut être soit réduit soit augmenté. Ces anomalie, s'accompagnent souvent d'anomalies morphologiques ou d'anomalies d'éruption.
Le nombre des dents humaines est génétiquement déterminé, des gènes dentaires induisent la différenciation de la lame dentaire.
II.A. Hypodontie - anodontie :
La réduction du nombre de dent peut être partielle (hypodontie) ou totale (anodontie).
• Cependant l'absence totale de toutes les dents temporaires et définitives est extrêmement rare,
• L'absence d'un certain nombre de dents ou hypodontie est plus commune.
On parle “d'oligodontie” lorsqu'il y a absence d'un grand nombre de dents, anomalie de taille (microdontie) et association à d'autres malformations d'organes
II.A.a. Hypodontie des dents définitives
L'hypodontie est à différencier des pertes des dents par extraction ou par chute (mobilité d'origine parodontale ou expulsion traumatique).
La prévalence serait de 2.3 à 9.6%.
Globalement l'hypodontie affecte surtout les 3ème molaires supérieures et inférieures puis les 2ème prémolaires inférieures, les incisives latérales supérieures et enfin les 2ème prémolaires supérieures.
Ceux sont des dents dites de “fin de série”.
D'après les études épidémiologiques, l'hypodontie est plus fréquente chez les orientaux que chez les européens.
Elle affecte plus les filles que les garçons.
• Dans 50% des cas l'agénésie touche une seule dent.
Il est possible de constater une hypodontie symétrique.
Cette hypodontie symétrique serait l'expression d'une réduction philogénétique du nombre de dents.
Lorsque l'hypodontie est isolée, parfois la seule solution est prothétique, actuellement, l'implantologie est aussi une bonne alternative.
II.A.b. Hypodontie des dents temporaires
Plus rare : 0.1 à 0.7% affectant souvent le maxillaire.
Les dents les plus touchées sont les incisives latérales supérieures et les incisives centrales inférieures.
Dans ces cas elles peuvent s'accompagner d'agénésie des dents permanentes.
II.A.c. Hypodontie ou oligodontie syndromique
Les oligondonties sont fréquemment observées dans les syndromes malformatifs.
1 Les fentes labiovélopalatines
L'hypodontie dans la région de la fente est de l'ordre de
• 14% en denture temporaire
• et de 44% en denture permanente
2 Dans le syndrome de Down : trisomie 21
Entre 23 et 47% des sujets ont une hypodontie des dents définitives (3ème molaire, 2ème prémolaire, incisive supérieure)
3 Le syndrome de Christ Siemens Touraine
Ou Dysplasie Ectodermique Héréditaire (ou Hypohidrolique) caractérisée par la triade suivante:
• Oligodontie (avec anomalie de morphologie),
• Hypotrichose (cheveux rares - blonds - cassants),
• Hypohidrose (peau souple, fine et sèche).
Ce syndrome à une transmission génétique:
- Liée à l'X
- Autosomique dominante
4 Le syndrome de Goltz
Ou syndrome de dysplasie dermique focale
Comporte une atrophie et une hyperpigmentation cutanée et des papillomes muqueux, anomalies des ongles et des extrémités (syndactylie - polydactylie)
5 Syndrome de Papillon Leage et Psaume
(Syndrome ODF type 1)
- Transmission dominante liée à l'X
- Hypodontie des incisives latérales inférieures
- Hyperplasie des freins
- Pseudofente labiale supérieure
- Malformations des doigts (syndactylie, poydactylie, clinodactylie)
- Retard mental
6 Syndrome de Bloch Schulz Berger
(Incontinentia pigmenti)
les anomalies dentaires se manifestent par des oligodonties des dents temporaires et définitives avec anomalies de structure et d'éruption et sont associées
- À des lésions vésiculeuses verruqueuses et pigmentées de la peau,
- À des anomalies des yeux.
La transmission est dominante liée au chromosome X.
7 Epidermolyse bulleuse dystrophique
Les manifestations cli s sont des bulles cutanéo-muqueuses, anomalies de phanères, atteinte oculaire et agénésies dentaires partielles (faites de dents rudimentaires, hypoplasie amélaires, retard d'éruption).
II.B. Les hyperdonties
Les dents surnuméraires se rencontrent dans tous les secteurs des maxillaires mais surtout dans la région maxillaire antérieure.
Par ordre décroissant, c'est ensuite la région molaire, puis prémolaire mandibulaire qui sont les sites de prédilection.
L'hyperodonties est souvent isolée et affecte plus l'homme que la femme.
II.B.a. Hyperodontie des dents définitives
L'hyperodontie serait le résultat d'une hyperactivité localisée de la lame dentaire.
D'autres théories s'appuient sur la possibilité de clivage du germe dentaire à un moment de l'odontogénese.
L'hérédité joue beaucoup plus rarement un rôle que dans l'hypodontie.
• La morphologie de la dent peut être normale, c'est la dent supplémentaire ou Hyperodontie “eumorphique”.
• La morphologie est anormale (dent en général conoïde) c'est l'hyperdontie “dysmorphique”.
La localisation la plus fréquente est la région incisivo-canine supérieure.
Lorsque la dent surnuméraire est située entre les 2 centrales, elle est dite le “mésiodens”.
L'anomalie affecte surtout les garçons, c'est la dent médiane, conoïde ; elle ne gène pas l'éruption des incisives centrales.
Lorsqu'il siège du côté palatin il peut s'inverser, il est totalement anastrophique (bascule de 180°) il peut faire éruption dans le nez “dent nasale”.
Le mésiodens mandibulaire est rarissime.
Les dents surnuméraires dans le secteur antérieur peuvent aussi prendre la forme d'odontoïdes.
Ils agissent souvent comme des obstacles anatomiques à l'éruption des dents
Au niveau de la mandibule, les hyperodonties sont plus fréquentes dans le secteur prémolaire.
L'apparition radiologique des germes surnuméraires est observée à un âge de fin de traitement orthodontique.
Il s'agit souvent de prémolaire de morphologie normale donc de dent supplémentaire.
Leur situation est communément distale par rapport aux prémolaires.
L'hyperodontie dans le secteur molaire est plus fréquente au maxillaire
La localisation est habituelle, paramolaire (distomolaire) c'est la 4ème molaire.
II.B.b. Hyperodontie des dents temporaires
Rare, concerne surtout la région incisivo-canine supérieure, la morphologie des dents surnuméraires est souvent normale.
L'hyperodontie en denture temporaire est suivie dans la plus part des cas d'une hyperodontie en denture permanente.
II.B.c. Hyperodontie syndromiques
1 Le syndrome de Pierre Marie et Sainton
(ou dysplasie cleido-crânienne)
Syndrome à transmission autosomique dominante, les dents surnuméraires particulièrement nombreuses sont associées à des inclusions dentaires multiples.
D'autres anomalies constituent aussi le syndrome dont:
• L'hypoplasie ou l'aplasie uni- ou bilatérale des clavicules,
• Développement exagéré du crâne.
2 Le syndrome de Gardner
Le syndrome de Gardner est fait
- Ostéomes multiples des maxillaires,
- Kystes épidermiques,
- Polypose colique familiale (comportant un risque de cancérisation),
- Des surnuméraires incluses avec des odontomes complexes et ou des hypercémentoses,
Transmission autosomique dominante.
III Anomalie de morphologie
Ces anomalies sont particulièrement nombreuses et affectent tout ou une partie de la dent.
III.A. Anomalie de taille
La taille des dents est génétiquement déterminée, mais évolue avec les siècles.
• Les ethnies anciennes avaient des dents de plus grand volume.
Le volume des dents est plus grand chez l'homne que chez la femme.
III.A.a. Macrodontie:
FIG. Macrodontie limitée à une seule incisive latérale supérieure.
1 La macrodontie vraie
Ou gigantisme dentaire, est extrêmement rare.
Elle a été associée au gigantisme d'origine hypophysaire.
Certains syndromes portent des macrodonties comme le syndrome de Crouzon (dysostose crâniofaciale), ou le syndrome de Dawn (trisomie 21).
• Mais le plus caractéristique est le syndrome d'Eckman-Westborg et Julin où la macrodontie généralisée et associée à des tubercules multiples, des cuspides centrales et des in tions pulpaires.
2 La macrodontie relative
Engendre une dysharmonie dentomaxillaires qui est le résultat d'une hérédité croisée où la taille des dents et celle des maxillaires est déterminée séparément.
3 La macrodontie localisée
Il peut s'agir de la macrodontie d'une ou de deux dents.
La macrodontie peut n'affecter que la partie radiculaire de la dent c'est la “rhizomégalie”.
III.A.b. Microdontie
FIG. Microdontie
Occlusion d'un patient présentant
une importante microdontie des incisives
latérales supérieures.
De toutes les dents, ce sont certainement
les incisives latérales supérieures
qui présentent le plus souvent
des anomalies de forme.
Les anomalies de taille peuvent n'intéresser
qu'une seule dent mais
peuvent également être généralisées.
1 La microdontie généralisée vraie
La microdontie généralisée vraie ou nanisme dentaire, parfois associé au nanisme d'origine pituitaire.
La réduction du volume dentaire concerne la racine et la couronne qui est réduite plutôt dans le sens mésio-distal.
2 La microdontie localisée
La microdontie localisée à une ou 2 dents concerne surtout les incisives latérales supérieures et les 3ème molaires, ce sont d'ailleurs les dents qui sont le plus souvent agénésiques.
• Les dents surnuméraires sont aussi les dents les plus petites.
3 Le nanisme radiculaire
Le nanisme radiculaire ou rhizomicrie est rencontré au niveau des prémolaires et des 3ème molaires.
III.B. Anomalies de forme
Ces anomalies sont généralisées ou localisées, affectant soit la couronne, soit la racine, soit toute la dent.
III.B.a. Anomalies coronaires
L'anomalie porte sur les cuspides et les sillons des dents.
1 Au niveau des incisives
C'est surtout l'incisive latérale supérieure qui est malformée le plus souvent. La forme co (incisive latérale en grain de riz).
Une autre variante est caractérisée par un développement anormal du cingulum.
L'hypertrophie cingulaire confère la cuspide « en talon » (talon-cusp).
Pour d'autres auteurs, il s'agit d'une dent évaginée.
L'aspect en forme de pelle a un caractère eth (mongol, les chinois, polynésiens).
2 Canines
L'anomalie habituelle est le développement du cingulum, parfois tel qu 'il donne l'impression d'une 2ème cuspide, ce qui conduit à la prémolarisation de la canine.
3 Prémolaire
On peut retrouver une crête marginale accessoire pouvant modifier la morphologie de la prémolaire, (aspect tricuspide).
4 Molaire
La première molaire supérieure est considérée comme une des dents les plus stables.
Cependant certaines variations ont été décrites
1 Le tubercule de Carabilli
tubercule cuspidien accessoire mésio-palatin ; il se retrouve chez 90% des blancs.
Ce tubercule est considéré comme un caractère normal transmis génétiquement
Cependant il n 'est pas retrouvé chez les chinois ou les japonais
2 Le tubercule de Bolk
Le tubercule de Bolk est retrouvé sur les deuxièmes et troisièmes molaires mais aussi sur la première molaire. Il est aussi décrit sur les molaires temporaires.
Sa présentation est mésio-vestibulaire.
III.B.b. Anomalies radiculaires
Les anomalies radiculaires sont assez nombreuses, ceux sont des anomalies de direction et de nombre, soit des anomalies de forme et de taille.
• Les tauraodentismes constituent aussi une variété particulière d'anomalie de forme radiculaire.
1 Les anomalies de nombre
- Les racines accessoires sont rares au niveau des incisives et des canines.
- Les prémolaires ont assez fréquemment des racines accessoires.
C'est la première prémolaire supérieure qui présente la plus grande variabilité, et la prémolaire inférieure la moins grande.
La première prémolaire supérieure aurait
• une racine dans 37% des cas,
• deux dans 87%,
• et trois seulement dans 6% des cas.
Les molaires présentent une grande variabilité dans le nombre de racines,
• surtout la troisième molaire dont le nombre de racine peut varier de un à sept